"La fillette et le vautour" de Kevin Carter
Ce témoignage d’une extrême violence de la famine au Soudan sonnera le glas du photographe à peine 1 ans plus tard, mais connaissez-vous toute l'histoire ?
Non ? Je vous invite à lire la suite...
Kevin Carter était photographe reporter né le 13 septembre 1960 à Johannesburg, en Afrique du sud, il se donna la mort le 27 juillet 1994, ne supportant plus les atrocités et les horreurs qu’il avait connu durant toute sa courte carrière de photographe.
Cette photo, qui recu le prix Pulitzer, en avril 1994, a été probablement pour lui celle de trop, celle qui contribua à mettre un terme à sa vie, hanté par ces visions qui ne le quitteront plus.
Déchirante et bouleversante, elle décrit pourtant avec exactitude la famine et l’extrême pauvreté du pays. Elle déclencha une vive émotion mais Kevin Carter reçu aussi une avalanche de critiques. On lui reprocha notamment de ne pas avoir réagi face à cette situation. Lui qui voulait alerter l’opinion publique se verra accuser d’une forme de voyeurisme malsain, d’une passivité innommable, de ne pas avoir respecter une éthique qui arrange bien celles et ceux qui savent mais ne veulent pas surtout voir la réalité en face.
L’acharnement des bien-pensants ne veulent pas perdre leur bonne conscience, infliger un tel spectacle ne pouvait que remettre en cause leur valeur morale mais leur morale de surface.
Le St. Petersburg Times, un quotidien Floridien, écrit même à l’époque « L'homme qui n'ajuste son objectif que pour cadrer au mieux la souffrance n'est peut-être aussi qu'un prédateur, un vautour de plus sur les lieux"
En fait c’est tout le contraire qui se passa pour Kevin Carter, il fut bouleversé par cette scène. Il attendu une vingtaine de minutes et pris cinq clichés.
Même si l’histoire raconte qu’il attendait que ce vautour s’approche davantage de l’enfant afin de saisir une scène plus dramatique encore, ce que le rapace ne fit pas, il voulait dénoncer avec force la réalité du terrain. Kevin Carter savait l’impact que pouvait représenter une image valant mille mots.
Au bout de ce laps de temps qui lui sembla interminable, il finit par chasser le rapace et s’effondra en larmes. Son collègue mais néanmoins ami Joao Sliva, présent ce jour-là fut témoin de la scène.
Mais derrière l’envers du décor, derrière cette réalité affligeante, la photo ne raconte pas tout. Elle ne minimise certes pas ce qui va suivre, mais elle offre une perspective différente.
Ce jeune garçon famélique du prénom de Kong Nyong (et non une petite fille) n’était pas abandonné à son sort. Il était pris en charge par une organisation humanitaire, en témoigne le bracelet qu’il porte à son poignet droit, de plus les vautours étaient très présents à l’époque. Sa maman décéda quelques temps auparavant en couches, et c’est sa tante qui s’occupait de lui comme elle le pouvait. Le garçonnet, contrairement aux apparences, ne mourra pas de faim, mais il fut emporté 14 ans plus tard de fièvres paludéennes.
Kevin Carter, quant à lui, finit par s’ôter la vie ce 27 juillet 1994. Il était alors dans le plus grand dénouement, il venait d’apprendre peu de temps avant, la mort de son ami reporter Ken Oosterbroek tué par balle,ce dernier couvrait alors un reportage dans le canton de Thokoza en Afrique du sud au sud-est d’Alberton.
Kevin Carter laissa un message quelque peu confus, ce sont ses dernières paroles couchées sur le papier :
« Je suis déprimé, sans téléphone, sans argent pour le loyer, sans argent pour la pension alimentaire, sans argent pour mes dettes... sans argent !!! Je suis hanté par les vifs souvenirs de tueries et de cadavres et de colère et de douleur, d'enfants mourant de faim ou blessés, de fous de la gâchette, souvent des policiers, de bourreaux... Je suis parti rejoindre Ken, si je suis suffisamment chanceux."
Voici la photo terriblement lourde de sens: